Rencontre avec Cyril Lagorce
ENTRE EMOTIONS ET CREATION
Quelles sont vos motivations en tant qu’artiste ?
Je cherche à provoquer des émotions chez l’autre, chez celui qui regarde. Provoquer un questionnement, un ressenti à travers son appropriation de mes œuvres.
Comment naissent vos idées et donc vos œuvres ?
Ma production artistique naît d’une intrigue qui me touche personnellement, ce sont mes questionnements, mes états d’âme qui vont influer sur la thématique. Thématique qui reste toujours vaste et libre.
J’utilise mes cinq sens pour partir à la recherche de l’essence de la vie, pour faire jaillir l’inspiration, la thématique autour de laquelle travailler. Je m’inspire de la nature que j’affecte car j’y trouve une analogie à mes questions. En effet, la nature crée, produit sans réflexion. Elle est basée sur des systèmes qui la structurent et lui permettent de se régénérer sans cesse. Je parle ici de rythmes et de formes. Je rassemble les différents niveaux : émotif, naturel, physique, spirituel pour comprendre, me mettre en lien. L’ensemble me procure l’essence pour transcender et conscientiser.
En fait, il s’agit d’une quête personnelle, un positionnement en lien avec le monde.
Si je comprends bien, votre moteur est le désir d’une rencontre d’émotions les vôtres et celles des regardants ?
Oui, faire évoluer le regard sur soi-même, c’est évoluer sur le regard que l’on porte au monde et être en capacité de montrer. Je partage l’idée d’une ouverture de l’intérieur vers l’extérieur. Je range mon désordre intérieur via mes œuvres dans l’espoir d’un effet miroir. Je matérialise mes espoirs, mes angoisses, mes questions sur une toile pour amener le regardant à se questionner sur le sens de la vie. Car, il me semble que l’artiste peut être un éveilleur des possibles.
A partir de tous ces ressentis, comment le processus créatif se met-il en place ?
Je me mets dans une bulle créatrice. Je suis dans un autre espace-temps celui de la création. Un espace-temps où tout peut être redéfinit afin d’aboutir.
Je travaille les matières inertes pour les transformer en matière sensible. Par matières inertes, j’entends : toile, carton, bois, peinture, terre, encre …
Je crée et note par couche successive avec des systèmes techniques variés et élastique qu’ils soient soumis à la peinture à l’huile ou à la sculpture sur terre. La trame se construit au fil du travail. La création est un voyage, un dialogue avec l’âme …écouter sa petite voix et la matérialiser.
Quand savez-vous qu’une œuvre est terminée ?
La condition sine qua non est que l’expression finale de ma quête soit totalement en phase avec mon ressenti. L’esthétisme doit être satisfaisant en termes d’équilibre, de rythmes, de formes, de lumière, de couleurs, de matière.
Toute œuvre doit être en accord avec mon cœur.
interview réalise par Patricia Saignelonge